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Séjours à Pézenas

 

Marcel Pagnol écrivit : « Si Jean-Baptiste Poquelin est né à Paris, Molière est né à Pézenas. »

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23802-1« C’est probablement vers la fin de 1645 que le jeune Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, rejoint, avec quelques comédiens rescapés du naufrage de » L’Illustre Théâtre « , la troupe de Charles Dufresne pour sillonner les routes du Languedoc.
Au cours de ces années d’apprentissage, durant lesquelles il devient directeur de la troupe, il apprend son métier d’acteur et perfectionne son jeu comique en jouant devant les publics les plus divers, qui parfois ne comprennent pas le français de la capitale
En 1650, les Etats Généraux du Languedoc se tiennent à Pézenas et la troupe est retenue pour divertir ces messieurs des Etats.
Puis, en 1653 Molière devient Comédien des Etats Généraux et de son Altesse Royale le Prince de Conti, un grand seigneur libertin et amateur de théâtre, qui est le troisième personnage du royaume.
Une ère de prospérité s’ouvre pour la troupe, jusqu’à la crise mystique du prince, qui vire à la dévotion sous l’influence de son confesseur, l’abbé Rouquette. C’est la fin de la protection du prince et les comédiens décident de quitter la région.
Il reviendra encore à Pezenas en 1653 et 1655.
Ces années en Languedoc auront marqué Molière, et certains de ses personnages sont peut-être inspirés par ses rencontres. On a pu dire que Dom Juan, le « grand seigneur méchant homme » avait pour modèle le Prince de Conti, que Tartuffe avait pris certains des traits de l’abbé Rouquette, ou encore que la Comtesse d’Escarbagnas était issue de l’aristocratie méridionale…ou encore Monsieur de Pourceaugnac…
On raconte aussi que Molière se rendait volontiers dans la boutique du barbier Gély, juste pour le plaisir d’observer les uns et les autres…

Donc en résumé, voici les dates des divers séjours de Molière à Pézenas

– 1650 avec la troupe de Dufresne, lors des Etats de Languedoc qui se tirent du 24 octobre au 14 janvier suivant.
– 1653 – 1654. C’est au cours de l’année 1653 que se passa la visite au château de la Grange-des-Prés, près Pézenas, où résidait alors Armand de Bourbon, prince de Conti qui permit à troupe de son nom. La troupe resta plusieurs mois dans la région.
– 1655 – 1656. Lors des Etats de Languedoc qui se tirent du 4 novembre au 22 février.

1650-1657 Quand Molière vivait à Pézenas – Midi le magazine 24-06-2018

 

HISTOIRE MONDIALE ET PATRIMOINE 21 février 1673 : inhumation nocturne et quasi-clandestine de Molière

(D’après « Histoire de la vie et des ouvrages de Molière » par Jules-Antoine Taschereau) paru en 1825)

 

N’ayant pas signé la renonciation à sa profession de comédien, Molière était mort sans les secours de la religion.
Or le rituel du diocèse de Paris subordonnait l’administration des sacrements à cette renonciation.
Aussi son épouse, Armande Béjart, argua-t-elle qu’elle avait demandé à trois prêtres de la paroisse de Saint-Sulpice de venir lui apporter l’extrême-onction, mais que les deux premiers avaient refusé, tandis que le troisième était arrivé trop tard.
Cependant, l’archevêque de Paris, François Harlay de Champvallon, refusait la sépulture religieuse à Molière.
Cette persécution posthume arracha ces vers à l’indignation de Chapelle :

 

Puisqu’à Paris on dénie
La terre après le trépas,
A ceux qui, pendant leur vie,
Ont joué la comédie,
Pourquoi ne jette-t-on pas
Les bigots à la voirie ?
Ils sont dans le même cas.
Mademoiselle Molière — nom de scène d’Armande Béjart — garda un maintien qui, s’il n’était pas celui d’une douleur sincère et profonde, témoignait du moins qu’elle était fière encore de porter un tel nom.
« Quoi ! s’écria-t-elle ; on refusera la sépulture à celui qui, dans la Grèce, eût mérité des autels ? »
Elle alla à Versailles, se jeter aux pieds du roi, et se plaindre de l’injure qu’on faisait à la mémoire de son mari. Mais, emportée par une sincérité irréfléchie, elle indisposa un peu Louis XIV, en lui disant que « si son mari était criminel, ses crimes avaient été autorisés par Sa Majesté même ».
L’argument était trop sans réplique pour ne pas paraître inconvenant à une oreille habituée aux flatteries des courtisans. Pour surcroît de malheur, elle s’était fait accompagner par le curé d’Auteuil, afin qu’il témoignât des bonnes mœurs du défunt ; et ce pasteur, au lieu de s’en tenir à cette mission, entreprit mal à propos de se justifier d’une accusation de jansénisme dont il croyait qu’on l’avait chargé auprès du roi. Ce contretemps acheva de tout gâter. Le prince les congédia assez brusquement l’un et l’autre, en disant à mademoiselle Molière, que l’affaire dont elle lui parlait dépendait de l’archevêque de Paris.
Toutefois, comme la désobligeante maladresse de la femme ne diminuait en rien l’estime que Louis XIV avait pour la mémoire de Molière, il ordonna secrètement à Harlay de Champvallon de lever sa défense contre l’inhumation de Molière. Celui-ci ne s’exécuta qu’à moitié ; car il prescrivit au curé de Saint-Eustache, paroisse du défunt, de refuser son ministère à cette cérémonie funèbre. Il fut convenu que le corps, accompagné de deux ecclésiastiques, serait moliere-tombeau-peremachaiseLe jour désigné pour les funérailles, une foule de gens du peuple se réunit devant la maison de Molière, en manifestant des intentions hostiles. Il est plus que probable que les tartuffes et les ennemis de ce grand homme n’étaient pas étrangers à ce rassemblement. Sa veuve en fut épouvantée. On lui donna le conseil de jeter de l’argent à cette populace ; elle n’hésita pas, et une somme de mille francs environ, semée par les fenêtres, changea ses dispositions tumultueuses. Ces mêmes individus qui étaient venus pour troubler l’enterrement du grand homme, accompagnèrent silencieusement ses restes.
Le corps fut conduit, le 21 février au soir, au cimetière de Saint-Joseph, rue Montmartre, par deux prêtres et un cortège de cent personnes, composé de tous les amis de Molière, et de tous ceux qui l’avaient particulièrement connu, portant chacun un flambeau. Contre l’usage du temps, on ne fit entendre aucun chant funèbre.

Si l’on put craindre que notre premier comique n’obtînt pas un tombeau, on ne fut en revanche pas exposé à avoir les mêmes inquiétudes pour une épitaphe ; car à peine fut-il mort, qu’on en fit courir avec profusion dans Paris.

La plus remarquable de toutes est celle que les regrets de l’amitié inspirèrent à La Fontaine :
Sous ce tombeau gisent Plaute et Térence,
Et cependant le seul Molière y gît.
Leurs trois talents ne formaient qu’un esprit
Dont le bel art réjouissait la France.
Ils sont partis, et j’ai peu d’espérance
De les revoir. Malgré tous nos efforts
Pour un long temps, selon toute apparence,
Terence, et Plaute, et Molière sont morts.
L’Académie française lui rendit après sa mort des honneurs qu’il avait mérités de son vivant : on assure que lorsqu’il mourut, il était sur le point de quitter le théâtre pour se faire recevoir. L’Académie regrettant que ce rare esprit ne lui eût point été associé, voulut du moins faire siéger sa mémoire dans l’enceinte où se réunissait sa société.
Cette belle inscription fut placée sous son buste : «

Rien ne manque à sa gloire ; il manquait à la nôtre ».

Source:La France pittoresque
https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article13177

Pézenas et la boutique du barbier GELY

 

par Anita Franco

article paru in extenso dans le Bulletin ADP Décembre 2022 p 23

 

Pénétrons dans les coulisses de ce lieu, hors du commun, où on rasait barbes et domptait poils et où le barbier était tenu au secret professionnel.

Un poil d’histoire

Jusqu’au Moyen-Âge, le professionnel du poil s’est vu affublé des noms de barbator, rasor et sanguinator. Il devient ensuite barbier puis barbier-chirurgien car les médecins rattachés au clergé ont pour interdiction de toucher au sang qui est impur.
La création de la Confrérie de Saint-Côme au 13ème siècle va tenter d’apaiser les conflits incessants entre ces professions. Elle établit un distinguo entre les chirurgiens dits de « robe longue » qui vont devoir passer un examen devant les maîtres et les barbiers-chirurgiens dits de « robe courte » autorisés à exercer des actes secondaires de chirurgie. Pour tenir boutique, le barbier accomplit son apprentissage chez un maitre. La réussite d’un chef-d’oeuvre lui permet d’afficher l’enseigne de sa corporation « Aux trois bassins.»

La saignée, la panacée universelle

L’expert du rasoir, à l’aide d’une lancette va pratiquer la saignée, ordonnée par le médecin. Elle est fondée sur la théorie antique des quatre humeurs, selon la croyance que le corps se compose de sang, bile jaune, bile noire et lymphe qui sont reliés aux quatre éléments. En cas d’excès ou de carence de ces flux
corporels, il y a déséquilibre donc maladie. On dit alors, qu’on est de «mauvaise humeur » et la saignée est là pour rétablir « la bonne humeur » et éviter de « se faire de la bile. »

Un barbier-dentateur

Il est aussi arracheur de dent car il sait manier pinces et autres instruments à blêmir. D’ailleurs, pour
soulager les maux de dents, on conseille une prière à Sainte Apolline, lors de son martyre, on lui a arraché toutes les dents.

Un barbier-perruquier

Il accommode perruques, cheveux et moustaches. Il les calamistre à l’aide d’un calamistrum qui est un fer à friser. La coutume, au XVIIe, est de porter de longues perruques. Binet qui est le barbier de Louis XIV en réalise des monumentales appelées binettes, d’où l’expression « avoir une drôle de binette. »

Il est certain que Molière s’est fait calamistrer dans cette boutique et que depuis son fauteuil attitré, il a assisté à des scènes cocasses et alarmantes, sources d’inspiration gratuites, aux accents des farces
italiennes qu’il affectionnait tant.

Anita Franco
Office de Tourisme Cap d’Agde Méditerranée
Mission Patrimoine Pézenas
L’Ami de Pézenas – Décembre 2022 􀀁 22
Publié avec le concours de l’Office de Tourisme Cap d’Agde Méd