Maisons des champs
Maisons des Champs
Comme l’a montré Stéphane Mauné dans sa thèse sur « Les campagnes de la cité de Béziers (partie nord orientale) du IIe siècle avant .J.C au IVe siècle après », publiée en 1988, les vallées de l’Hérault et de ses affluents sont parsemées d’exploitations agricoles, remontant pour certaines à la Protohistoire, qui se développent ou se contractent au rythme des aléas de l’histoire.
Profitant de la « Pax romana » des I et IIe siècle après J.C., elles prospèrent dans la culture de la vigne dont le produit est destiné à l’exportation.
Dans le terroir de Pézenas, certains domaines, comme la Roustanienque ou Saint Jean de Bibian, parmi d’autres, ont ainsi pour origine une villa gallo romaine.
Dans le haut Moyen Age , après l’épisode des grandes invasions, d’autres passent sous l’autorité de prieurs, de servants du culte et percepteurs de dimes, qui encadrent la communauté chrétienne et ordonnancent leur terroir.
Il en fut ainsi pour St Christol comme pour St Jean de Bibian ou encore St André de Séténières, St Martin de Conas et St Martin de Graves.
Ces ilots de peuplement sont indépendants d’un développement urbain qui sera tardif et se fera d’ailleurs en concurrence, la métropole urbaine accaparant peu à peu la rente foncière et le produit des dimes.
Le phénomène de la « maison des champs », qui est une exploitation agricole aménagée pour le plaisir de ses propriétaires, qui résident à la ville, apparaît tardivement. A cet égard, la construction de la maison de la Grange des Prés à la fin du XVIe siècle par Henri I de Montmorency fait figure d’œuvre première. Elle donne le coup d’envoi à une campagne de constructions qui durera pendant un siècle et demi, le temps pendant lequel la ville jouera un rôle de petite capitale gobernorale.
Les pionniers sont tous des gentilshommes au service du connétable, venus pour la plupart d’ailleurs, qui suivent l’ exemple donné par leur maître. Il en est ainsi de Grangeon, le premier constructeur connu du Larzac, ou encore de Boudoul, le maitre tailleur du prince, qui se fait construire un magnifique hôtel en ville (rue Canabasserie) et une maison des champs à Roquelune.
Dans « l’Ami de Pézenas » de décembre 2012 (N° 63 ) nous avons découvert le domaine du Larzac sous la plume de Pierre Bonafé et l’hôtel de Cellier de Malevielle, présenté par Jean Nougaret.
Au cours d ‘année 2013, nous découvrirons :
la Grange des prés par Brigitte Hahn (mars 2013 n° 64 )
le Parc par Philippe L’Epine ( sept 2013 n° 66 )
le Château de Saint Pierre à Montblanc par Henri de Cadolle et Paul Ivorra accompagnés de photographies de Paul Blanchet (décembre 2013 n°67)
Nous continuerons ensuite avec les domaines de Margon, Roquelune, Belles Eaux, Fondouce, Saint Martin de Graves, Montpezat, Saint Jean de Bébian, etc. et les maisons de ville de leurs propriétaires
LA GRANGE DES PRES
Promenade… avec les photos de Paul BLANCHE
LE PARC L’EPINE OU LA CHASSE A BÊTES FORESTIERES DE MONTSEIGNEUR
Le fondateur du Parc fut Henri Ier de Montmorency (1534-1614) devenu gouverneur du Languedoc en 1563, son père Anne de Montmorency ayant résilié cette charge à son profit.
En effet, Anne de Montmorency (1493-1567), nommé gouverneur du Languedoc en 1526 par le roi François Ier, occupait de hautes fonctions à la cour et à la tête des armées royales dont il était le connétable.
Il ne put effectuer que de brefs séjours à Pézenas.
Par contre, Henri 1er de Montmorency, dès sa nomination, s’empressa de quitter la cour pour rejoindre Pézenas et y « goutter les plaisirs des beaux jours ».
Il fixa sa résidence au vieux château, puis à la Grange des Prés qu’il fit construire (voir n° 64 L’Ami de Pézenas).
Mais avant même de s’y installer somptueusement, il commença à rassembler des terres situées à mi-chemin entre Pézenas et Caux pour en faire un « parc à bêtes forestières », c’est-à-dire un enclos réservé à la chasse, formule connaissant une grande vogue à cette époque.
Diverses terres du Parc figurent sur des contrats remontants à 1441. De même, en 1521, on trouve le plantement de « bodules » (bornes) pour délimiter les communes de Pézenas et de Caux dont subsistent quelques-unes.
Mais l’acte fondateur de l’ensemble qui deviendra le Parc date du 10 juillet 1589.
Ce jour là, pour régler leurs dettes, les héritiers de Guillaume de Contour furent forcés par décret de vendre leurs biens par adjudication.
Parmi ces derniers figuraient « une méterie, dicte de Reynier, ou ensemble constituant en une petite habitation près du jardin de la méterie, consistant de plusieurs terres en garrigues comme son bois, olivettes, vignes. La plus grande partie au terroir de Caux et de Pezenas mais médiocre revenu si bien qu’il est difficile de les louer malgré leur grande contenance… ne pouvant servir qu’à faire depaistre le bétail, estan les plus infertiles terres que se vit en tout le terroir de Pézenas et de Caux ».
Trois enchères se firent à la bougie et Maitre Henri de Monsualeur, avocat à Pezenas, l’emporta, au profit de Monseigneur le Duc de Montmorency pour la somme de 8.000 livres.
grâce à une vingtaine d’autres achats et échanges successifs le duc agrandit son domaine pour en faire un ensemble d’environ 135 hectares, sa superficie actuelle.
Ces lopins de terre étaient constitués de vignes, de champs labouratifs ou « guarrigal », de bois, d’hermes et des terres labourables complantées d’oliviers.
Suivant la position du vendeur, on distinguait les « biens nobles » et d’autres « ruraux ».
On y retrouve des noms de tènements toujours actuels : L’Auribelle haute ou basse, Loubatières (biens nobles)…:….
Un piscénois en terre montblanaise Saint Pierre d’Erignan et les Marquis de Grasset
par Paul Ivorra
Article L’Ami de Pézenas n°67 décembre 2013 p15-21
LE CHÂTEAU DE MARGON
De la république à la République, De l’épée à la finance De la Renaissance à la renaissance par Mr le Comte de Margon
(paru dans L’Ami de Pézenas n°68 mars 2014)
« S’il est question dans deux chartes de 804 et 806 d’une villa Margariana, le lignage de Margon n’apparait qu’en 1080, lorsque Pierre Alquier assiste à la donation que Marie, sa femme, et leurs enfants font de la paroisse de Cassan aux chanoines réguliers de St Augustin. Le château (castrum) n’est attesté seulement qu’un siècle plus tard dans le cartulaire de Valmagne, en 1187. A la faveur de la Croisade des Albigeois, la terre de Margon, siège d’une ancienne baronnie, passe sous la souveraineté du Roi en 1221, alors que la province du Languedoc ne sera rattachée à la France que 50 ans plus tard…./… »
Article in extenso Ami de Pézenas n°68 par Mr le Comte de Margon
Roquelune, une maison des champs sur les rives du Rieutort
par Alain SIRVENTON
La première mention de Roquelune apparaît en 1221 pour signaler le chemin allant de Saint-Jean de Bébian où il existait déjà un édifice religieux au XIIe siècle, à Roquelunas. Roquelunas ou Roquelunasse suivant les textes, pourrait désigner une maison forte (Roque) et une étendue d’eau dormante, une marre par exemple (Lunas/Lunassa).
Le domaine, traversé par le Rieutort, un petit ruisseau affluent de la Peyne, est situé en bordure de la route de Caux, à 35 mètres d’altitude. Il se trouve sur le site gallo-romain de l’Auribelle-Basse, objet dans les années 2000 de fouilles concernant un établissement avec un moulin hydraulique daté du IIe siècle après J.-C. et tout près du chemin de Castres, une voie très ancienne reliant les « oppida » celtes de Murviel-les-Montpellier (le Castellas) et de Magalas (Montfo)…./…
Article paru in extenso dans ADP 15-03-2016 N°76 P4-15
FONDOUCE une maison des champs autrefois sur les rives de l’Eriège
Le domaine Fondouce est situé aux portesde Pézenas, sur la route départementale n° 13 qui conduit à Roujan, après le domaine Saint-Julien et près du ruisseau l’Eriège ou l’Euriège, dénommé aujourd’hui « ruisseau de Riège ou de Rièges ». Cette route était autrefois appelée « route départementale de Castres à Agde ».
La dénomination Fondouce ou Font Douce ou encore Fondousse, pourrait provenir de l’occitan « font doça » (fontaine douce) ou être une altération du mot « font » accolé au mot occitan « dotz » (source).
Dans l’Hérault, on trouve deux autres lieux-dits portant le même nom, près de Villeveyrac (Fondouce) et près d’Aigues-Vives (Font Douce).
Dans son histoire de Pézenas (1733), le lieutenant Pierre-Paul Poncet (1683-1736) nous parle du ruisseau l’Eriège :
« A un quart de lieue de cette ville (Pézenas), le ruisseau d’Eriège se joint à la Peyne. Il commence à se former près de Margon, diocèse de Béziers, passe entre Alignan-du-Vent et la métairie de Montarel, qui est aux chanoines de Cassan et vient baigner les prairies d’une églisechampêtre dédiée à Saint-Pierre, que le vulgaire nomme Saint-Massal. Il passe ensuite devant les métairies de Montplaisir (à M. de Peyrat), de Saint-Palais (à M. de Brétigny, fils de M. de la Valette), de Fondouce et se mêle enfin à la Peyne…/…
(Extrait de l’article d’Alain Sirventon paru dans le bulletin L’AMI DE PEZENAS n°82 SEPTEMBRE 2017
ADP Bulletin 82 septembre 2017 p4-12 Fondouce par Alain Sirventon
Montpezat, une maison des champs sur les rives de La Peyne
par Alain Sirventon
Le domaine Montpezat est situé sur la rive gauche de la Peyne, près de la jonction des routes conduisant à Alignan-du-Vent et à Roujan. Il fait partie de ces nombreuses résidences champêtres, souvent rustiques, construites sous l’Ancien Régime par des familles aristocratiques ou bourgeoises de Pézenas, notamment le long de la vallée de la Peyne, et pour la plupart « castellisées » à la fin du XIXe siècle.
Cette ancienne métairie porte encore aujourd’hui le patronyme de ses premiers propriétaires, les Montpezat, ce qui était assez courant pour les granges et les métairies aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, telles celles du Bousquet (Saint- Julien), d’Alichoux (Sainte-Croix), de Peyrat (Peyrat), de Marimond (Les Corbières), de Coeuret (Saint-André), d’Andreau (Saint-Jean de Bébian) …
Le lieutenant Pierre-Paul Poncet (1683-1736), dans son manuscrit de 1733 consacré à l’histoire de Pézenas, écrit à propos de la Peyne :
« Elle naît à une demi-lieue au dessus du lieu de Pézènes, diocèse de Béziers, d’un rocher au bord d’une prairie de la borrio de Madame, est formée de trois ruisseaux vulgairement nommés « lou balat de fourés », « lou rec de lévès » et « lou rec de Taoussac ». Elle prend le nom de Peyne à partir du mas de la Paille. Bientôt elle reçoit le ruisseau de Mounio, qui vient du mont où les chanoines de Cassan découvrirent une mine de charbon au lieu d’or et d’argent en 1712 ou environ, le ruisseau de la Rasclause et de Marelle et, après Roujan, les eaux d’une fontaine minérale naissant dans un fossé près d’une ancienne église champêtre dédiée à Saint-Majan et dont les eaux passent dans des carrières de pierre qui servent à faire le plâtre. Plusieurs croient que l’eau de cette source donne les qualités à la rivière de Peyne…/…
ADP Bulletin septembre 2019 p9-15 Montpezat par Alain Sirventon