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Jean-François Sarasin

Jean-François Sarasin (1614-1654)

par Sarah Perret, agrégée de lettres modernes et docteur en littérature française

article paru in extenso dans le Bulletin ADP Septembre 2022 N°102 p 14-15

En Normandie

Normand, né à Hermanville-sur-Mer, au bord de la Manche, non loin de Caen, Jean-François Sarasin appartient à la bonne bourgeoisie provinciale et, à la mort de son père, à la petite noblesse de robe provinciale.

Il fait de solides études à l’université de Caen, renommée au XVIIe siècle, et y acquiert une culture étendue de la littérature grecque et latine, dont témoigne son oeuvre.

En effet, il a écrit des poèmes en latins et certains vers de ses poèmes sont des traductions de l’oeuvre de Virgile.

À Paris

À vingt ans, avec quelques vers en poche, il part en direction de la capitale afin de percer dans les milieux littéraires.

Il fréquente les salons mondains, celui de la marquise de Rambouillet, qui a déjà son poète attitré, Vincent Voiture, celui de Ninon de Lenclos et celui de Madeleine de Scudéry.

Il a de nombreuses amies et maîtresses, et parmi elles, les Précieuses : Mme de Motteville, Mme de Longueville, qu’il nomme Sylvie dans ses poèmes. Mais il a ses entrées aussi dans un cercle d’érudits, l’académie des frères Dupuy.

À cette époque, pour des raisons pécuniaires, les poètes mondains doivent se mettre sous la protection d’un grand. C’est pourquoi Jean-François Sarasin est d’abord secrétaire du comte de Chavigny, ministre des affaires étrangères, « client » de Jean-François-Paul de Gondi, le futur cardinal de Retz, et secrétaire et intendant de Mme de Longueville et de son frère le prince de Conti. En 1644, il se marie, par intérêt et non par amour, et à son grand dam, avec une veuve, Marguerite de Pille.

Il fait en 1647 un bref séjour à la Bastille pour avoir écrit des vers contre L’Orfeo de Luigi Rossi, premier opéra joué en France à l’initiative de Mazarin.

Ayant acquis la protection des Condé en 1648 (le grand Condé, sa soeur Mme de Longueville et leur frère le prince de Conti), Sarasin les suit pendant la Fronde : à Chantilly, à Stenay, à Rotterdam, à Bordeaux…

À Pézenas

Après la fronde des princes, de retour de Bordeaux, en août 1653, Sarasin accompagne le prince de Conti jusqu’à la Grange-des-Prés, demeure piscénoise de la princesse de Condé (mère du prince de Conti).

Là se situe la rencontre de Sarasin et de Molière.

En effet, le prince de Conti souhaite divertir sa maîtresse bordelaise, Mme de Calvimont. Daniel de Cosnac, confesseur du prince, fait appel à Molière et à sa troupe, qui ne sont pas loin. Entre-temps se présente Cormier, un autre directeur de troupe, que le prince de Conti
accueille. Daniel de Cosnac insiste pour que Molière soit reçu. Le bruit de son succès dans la salle du Jeu de Paume de Pézenas, où a été joué L’Etourdi, parvient aux oreilles du prince.

L’Illustre théâtre est invité à la Grange des Prés. Or, Jean-François Sarasin tombe amoureux d’une actrice de la troupe de Molière, Marquise-Thérèse de Gorla, appelée Mlle Du Parc ou Marquise Du Parc. Aussi va-t-il faire, auprès du prince de Conti, l’éloge de la troupe de Molière, qui obtient une pension et le titre de « comédiens de son altesse ».

Après un séjour parisien, Sarasin va se retrouver à Pézenas dans de sinistres circonstances. Pour fêter sa victoire contre les Espagnols à Puycerda, le Prince de Conti donne un bal à Perpignan le 17 novembre 1654. Sarasin a un accès de fièvre.

Aurait-il pris froid ? Aurait-il reçu à la tempe un coup de pincettes asséné par le prince de Conti ? Aurait-il été empoisonné par un Catalan jaloux dont il aurait courtisé la femme ?

Le mystère demeure…

Tandis que le prince de Conti poursuit sa route en direction de Montpellier, les jours suivants, Sarasin doit s’aliter dans la maison Pastre, à Pézenas, non loin de l’actuelle place de la République (voir la plaque commémorative au n°5).

 

Il meurt le 5 décembre 1654, avant même d’avoir fêté ses 40 ans. Il est enterré dans la collégiale Saint-Jean. L’épitaphe, composée en 1726, disparaîtra plusieurs fois et définitivement à la Révolution.

Le boulevard Sarasin à Pézenas honore la mémoire du poète.

Sarah Perret
agrégée de lettres modernes et docteur en littérature française

12 décembre 2022

les Amis de Pézenas  dévoilent 2 plaques à la mémoire de Jean-François Sarasin

 

Lundi 12 décembre 2022, Les Amis de Pézenas ont dévoilé la plaque en hommage au poète Jean-François Sarasin, Secrétaire et Intendant du Prince de Conti qui œuvra pour l’installation de Molière est sa troupe à Pézenas, apposée sur un des piliers de la Collégiale Saint Jean dans laquelle le poète a été inhumé en 1654 .

Le même jour, la Maison Pastré, située place de la République, voyait également sa plaque renouvelée. Ce fut l’hôtel dans lequel s’est éteint le poète dont un boulevard Piscénois porte le nom.

 

Midi Libre Béziers 18 décembre 2022

Ce rendez-vous fut l’occasion pour le Maire, ainsi que pour Jean-Marie Bousquet et Manuel Bourgain, de saluer le travail de mémoire conduit par l’association au profit de l’Histoire locale.

Armand Rivière et Myriam Sirventon, la Présidente des Amis de Pézenas, ont dit leur attachement à ces plaques, leur rénovation et l’apposition de nouvelles, qui permettent d’écrire l’Histoire locale, d’enseigner notre patrimoine et de les transmettre dans la lignée d’Albert-Paul Alliès qui avait initié ce travail.

Cette plaque a été réalisée par un artisan marbrier et tailleur de pierre installé à Pézenas, Monsieur Arnould, grâce à une partie de la subvention versée par la Commune à l’association.

Pose des plaques en hommage à Jean-François SARASIN

Le Bulletin ADP 104 mars 2023 p18  

article d’Alain Sirventon

Jean-François Sarasin, né à Hermanville (Normandie)
en 1614, est décédé à Pézenas le 5 décembre 1654
(dans l’hôtel Pastré, situé aujourd’hui place de la
République). Il fut inhumé dans la collégiale Saint-Jean le
lendemain. En 1726, soit soixante-douze ans plus tard, les
consuls de la ville décidèrent par délibération, de faire
apposer une plaque sur un des piliers du choeur de l’église,
à la mémoire « d’un si grand homme qui a fait tant
d’honneur à son siècle par ses poésies éclatantes, par son
discours et relations admirées des savants et dont les
cendres reposent dans l’église collégiale de cette ville »
(tout ceci est relaté par le piscénois Pierre-Paul Poncet –
1683-1736-, le premier historien de Pézenas). L’épitaphe,
rédigée en latin par un autre piscénois, l’écrivain Félix de
Juvenel (1679-1760), fut gravée sur une plaque de cuivre
par Pierre Gor, issu d’une dynastie de fondeurs de cloches
de Pézenas. Cette plaque, descellée après l’effondrement
de l’église en 1733, fut transportée à l’hôtel de ville
(actuelle maison consulaire) mais on en perdit la trace.
Par la suite et selon la tradition, un dimanche de l’année
1744, après Vêpres, un voyageur inconnu interrogea les
chanoines au sujet de l’emplacement de la tombe de Jean-
François Sarasin, sur laquelle il souhaitait se recueillir. Il
s’agissait de François-Marie Arouet de Voltaire. Personne
ne put le renseigner mais après son départ, les chanoines
firent des recherches dans les archives et retrouvèrent la
trace de cette épitaphe qui fut à nouveau gravée sur une
plaque apposée sur le pilier séparant le choeur de l’actuelle
chapelle de la Vierge où elle resta jusqu’à la Révolution (à
l’endroit où se trouve aujourd’hui la statue de Saint-Jean
Baptiste).
Dès 1908, dans sa première édition de « Pézenas, une ville
d’états », notre président-fondateur Albert-Paul Alliès,
émettait le voeux qu’une plaque soit à nouveau apposée
dans la collégiale. C’est aujourd’hui chose faite. Ce même
Albert-Paul Alliès, en 1911, lorsqu’il était 1er adjoint dans
la municipalité Montagne, proposa la dénomination
« boulevard Sarasin » pour une partie de l’ancien chemin
de la Faissine et il est aussi à l’origine de la pose d’une
plaque sur la façade de la maison dans laquelle Jean-
François Sarasin est décédé, plaque qui avait été
endommagée et remise en place cette année par les Amis
de Pézenas.
Ces travaux ont été réalisés par un artisan piscénois,
Nicolas Arnould à qui nous adressons toutes nos
félicitations pour son excellent travail. L’inauguration de la
nouvelle plaque apposée dans la collégiale Saint-Jean a eu
lieu le 12 décembre dernier, en présence de M. le maire de
Pézenas accompagné de divers élus et du nouveau
directeur général des services, de la présidente des Amis de
Pézenas et de divers membres de l’association, clôturant
ainsi le 400e anniversaire de la naissance de Molière dont
Sarasin favorisa l’installation dans notre ville. Nous
adressons tous nos remerciements aux personnes ayant
oeuvré à divers titres pour la réalisation et la pose de ces
plaques commémoratives, et plus particulièrement aux
propriétaires des immeubles concernés.
Alain Sirventon