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Joseph-Marie Relin

Joseph-Martin Relin (1795 – 1851)
sculpteur piscénois méconnu

article paru in extenso dans le Bulletin ADP106 Septembre  2023 p4-10 par Denis Nepipvoda

Une rue, proche de la clinique Pasteur, porte le nom du sculpteur Joseph-Martin Relin. Le peu d’oeuvre conservé de l’artiste ainsi que le plâtre matériau qu’il privilégie et que ses contemporains considèrent comme commun, l’ont fait tomber dans l’oubli. Sans le travail de Charles Ponsonailhe et plus près de nous celui de Claude Alberge, ce personnage serait totalement inconnu. Ces deux auteurs nous font découvrir un sculpteur talentueux qui n’a jamais voulu quitter sa ville natale. Autodidacte, il a refusé pour des raisons inconnues d’aller se former chez les plus grands maîtres de son temps, ce qui ne l’a pas empêché de réaliser des oeuvres religieuses de grande qualité.

Éléments biographiques
Joseph-Martin Relin est né le 21 brumaire an IV (12 novembre 1795). Il est le fils de Bernard qui exerce le métier de tourneur sur bois et de Marie Pailhès. Joseph-Martin est le quatrième enfant d’une fratrie de cinq qui se compose de deux soeurs Jeanne et Rose-Marie et de deux frères Antoine et Claude.1

La famille réside dans une maison possédant un jardin, située au bout du cul-de-sac des Capucins (actuelle rue Henri-Reboul) où se trouve l’atelier paternel. Bernard possède aussi une vigne à l’Auribelle et une autre avec une terre labourablesituée au trou de Pomarède, source de revenus non négligeables pour la famille.
Seul écueil à ce bonheur parfait, la mort d’Antoine à l’âge de 7 ans en 1795, la même année que celle de son frère Claude âgé de trois ans. Cette annéelà est aussi marquée par la naissance de Joseph- Martin qui sera suivie trois ans après par celle de Rose-Marie. Seul garçon de la famille, il est destiné à reprendre l’atelier paternel. Très jeune, il travaille avec son père qui lui apprend les rudiments du métier de tourneur. Au contact du bois, le jeune semble développer des prédispositions pour la sculpture.

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LES OEUVRES PISCENOISES

Les oeuvres de Relin restent rares. Certaines ont disparu comme la Vierge du couvent des Ursulines de Pézenas, la Sainte Famille de Conas ou une statue de saint conservée dans l’église de Pouzolles, toutes trois mentionnées dans l’article de Ponsonailhe consacré au sculpteur. L’auteur cite aussi une statue de Saint-Etienne réalisée pour l’église de Puissalicon. Hubert Blancou, conseiller municipal, a confirmé la présence dans le choeur de l’église du village d’une statue de ce saint placée dans une gloire, détruite dans les années 1970 pour rouvrir la fenêtre axiale du choeur. La statue de Saint-Roch, placée à l’angle de l’hôtel Flottes-de- Cébazan, est traditionnellement attribuée à Relin. Elle a été profondément altérée par la corrosion du métal formant l’armature sur laquelle a été modelée la statue.

Lors de l’exposition agricole organisée à Pézenas en 1857, la section beaux-arts présente une figure du Christ en bois réalisée par Relin dont on a perdu la trace. La collégiale Saint-Jean conserve un buste de Saint-Jacques en bois doré attribué sans preuve au sculpteur. Parmi les oeuvres conservées, la collégiale abrite aussi une statue de Sainte- Philomène signée sur le socle. Elle est placée dans un retable de plâtre blanc dû à Jacques Prêvot. Se refusant à l’empereur Dioclétien, la jeune fille a été tout d’abord flagellée puis jetée attachée à une ancre dans le Tibre. Sauvée par les anges, elle est criblée de flèches et meurt décapitée. Le corps de la sainte a été découvert à Rome en 1802. Le culte de Philomène a connu un grand succès durant tout le XIXe siècle.

Relin réalise le portrait d’une jeune patricienne romaine. Seul élément évoquant son martyre, la palme qu’elle tient dans sa main gauche. La légèreté des lignes ainsi que la grande délicatesse des plis des vêtements en font une oeuvre de grande qualité. Au dire de Ponsonailhe qui fait certainement preuve d’un peu de chauvinisme, Carrier-Belleuse (1824-1887) ou Pradier (1790- 1852) n’eussent pu faire mieux.

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